Pharmacie : comment accompagner le sevrage tabagique ?

La 7ème édition de #MoisSansTabac à l’initiative de Santé Publique France et du ministère des Solidarités et de la Santé, en partenariat avec l’Assurance Maladie commence le 1er novembre 2022. Mais les inscriptions à ce défi sont d’ores et déjà ouvertes depuis le 1er octobre. Vous avez un mois pour inciter vos patients à participer à ce défi. Dans notre blog et dans nos formations, on vous encourage et vous accompagne régulièrement pour que vous puissiez pleinement jouer votre rôle au cœur de la chaîne de santé. Nous consacrons donc notre article mensuel au sevrage tabagique et à votre rôle dans la lutte contre cette addiction envahissante.

Nicotine : la dépendance et ses différentes formes

Quand nicotine rime avec accoutumance et dépendance physique que se passe-t-il réellement dans le cerveau d’un fumeur ? La nicotine est une substance psychoactive responsable de changements chimiques et biologiques. En 10 secondes, elle déclenche des phénomènes physiologiques tels que l’augmentation du rythme cardiaque, la chute de température corporelle des mains et des pieds et une relaxation musculaire. Cette dépendance physique est responsable de nombreux échecs de tentatives d’arrêt du tabac car les effets du sevrage sont importants. Pourtant ce n’est pas la seule forme de dépendance, elle peut également être psychologique (le fumeur utilise la cigarette pour se faire plaisir ou gérer son stress) ou comportementale (le fumeur est entouré d’autre fumeurs, il a l’habitude par exemple de fumer quand il boit un café, …). Alors comment accompagner les fumeurs dans leur démarche de sevrage ?

Les substituts nicotiniques pour traiter la dépendance physique

Il existe tout un éventail de substituts nicotiniques, sous des formes diverses : les patchs, les gommes à mâcher, les pastilles, les inhalateurs. Selon le type de fumeur et l’importance de la dépendance physique, les dosages seront différents et le protocole permet de l’adapter au fur et à mesure que le sevrage avance. Bien connaître les formes galéniques et les dosages vous permettront d’accompagner les fumeurs dans leur démarche de sevrage.
Vos patients connaissent-ils les modalités de remboursement qui sont en vigueur depuis 2018 ? Vous pouvez les aider à y voir plus clair. En effet, depuis quelques années, certains substituts nicotiniques sont remboursables à 65 %. Les complémentaires Santé prennent en charge le ticket modérateur de ces médicaments. D’autres dispositions entendent rendre ces traitements accessibles.

Pharmacie : soutien psychologique et prise en charge

Quel est votre rôle en tant que pharmacien ou préparateur ? Vous pouvez être amené à délivrer des substituts nicotiniques, bien entendu, mais maîtriser vous les conseils et les protocoles ? Et surtout, connaissez-vous bien les désagréments liés à l’arrêt du tabac, tels que les troubles du sommeil, les troubles digestifs, la prise de poids, la vulnérabilité émotionnelle ou le syndrome dépressif post-sevrage ? En posant quelques questions, vous pourrez sans doute identifier des situations qui peuvent mettre un fumeur en échec. Vous pourrez proposer une solution adaptée, qui permettra peut-être de prévenir une rechute. Vous pouvez également rediriger les personnes vers le réseau d’information et d’aide à distance comme Tabac Info Service ou encore des spécialistes de santé, médecin, addictologue, etc. En effet, de nombreuses méthodes sont reconnues et peuvent être complémentaires : thérapie comportementale et cognitive, l’entretien motivationnel, les outils d’auto-supports ou les traitements de deuxième intention Varénicline ou Bupropion (actions sur le système nerveux central). À noter que la cigarette électronique, l’hypnose ou l’acupuncture ne sont pas à ce jour reconnue par l’HAS.

7ème édition de #MoisSansTabac

Depuis 2016, le mois de novembre est dédié à la campagne #MoisSansTabac. Une initiative qui se veut positive plutôt que choc ou dissuasive. L’idée est de concentrer les efforts de chacun autour d’un défi commun et de fournir un kit et des astuces pour bien mener l’amorce de son sevrage. Depuis le début près de 900 000 personnes se sont inscrites dans la démarche. Le challenge dure 30 jours et cela tombe plutôt bien car les effets de la dépendance physique sont moins importants après ce laps de temps. Le défi commence au 1er novembre mais les inscriptions commencent dès le 1er octobre afin de recevoir toutes les informations nécessaires et être bien accompagné. Et en participant à #MoisSansTabac vos patients ont 5 fois plus de chances de réussir à devenir non-fumeur de manière durable.

Retrouvez toutes les informations utiles sur le site Mois Sans Tabac

Le tabac en quelques chiffres

Pourquoi a-t-on encore besoin de lutter contre le tabagisme en France ? Même si entre 2014 et 2019, il a pu être constaté une baisse considérable de la prévalence de fumeurs, il semblerait qu’elle se soit stabilisée en 2020. Selon le dernier baromètre de Santé Publique France, plus de 30% des adultes de 18 à 75 ans sont fumeurs et pour un quart d’entre eux cette habitude est quotidienne.
Mais il est important d’agir surtout parce que c’est, encore aujourd’hui, la première cause de mortalité que l’on pourrait éviter. En effet, selon les derniers chiffres connus (2015) le tabac cause 75 000 décès chaque année. Cette mortalité est notamment liée aux maladies cardiovasculaires et au cancer broncho-pulmonaire.
Pourtant, la moitié des fumeurs déclarent avoir envie d’arrêter de fumer, c’est donc un potentiel impressionnant de vies sauvées et de personnes à accompagner.

Se former pour mieux accompagner les fumeurs

La formation est au cœur de vos enjeux ? Vous souhaitez suivre une formation afin d’être mieux armé pour accompagner les fumeurs au comptoir ? Vous n’avez pas encore validé votre DPC, nous avons créé depuis la formation sevrage tabagique. Vous y abordez les Conseils et protocoles d’utilisation des substituts nicotiniques et vous apprendrez à corriger les principaux effets secondaires en phytothérapie, aromathérapie et micronutrition.
Pour en savoir plus
Dates de la formation ½ journée
22 novembre, le matin
13 décembre, le matin

Les coulisses de la création de la formation sevrage tabagique

Notre formateur a bien voulu se prêter au jeu des questions-réponses.
Comment avez-vous préparé la formation « Sevrage Tabagique » ?
Par mon métier d’infirmière, j’ai été formée à l’éducation, puis j’ai commencé à préparer la formation sevrage tabagique, j’ai recherché tous les articles et revues sur le sujet. J’ai également eu l’opportunité de participer à plusieurs journées de formation destinées aux internes en médecine ainsi qu’aux professionnels de santé. Ces formations étaient dispensées par des tabacologues qui m’ont permis par la suite d’assister à leurs consultations de tabacologie. Ces dernières m’ont servi de support pour l’élaboration de l’entretien pharmaceutique que je présente dans la formation.

Pouvez-vous citer 2 choses que vous avez apprises en créant ce module ?

La première chose qui m’a interpellée est l’enjeu majeur que représente le sevrage tabagique. Les chiffres sur la mortalité liée au tabac sont effarants. Les conséquences du tabac entraînent 75 000 morts par an, soit l’équivalent d’un avion contenant 200 personnes qui s’écrase par jour. Ce chiffre est bien supérieur à la mortalité liée aux accidents de la route (3800 décès par an). C’est un enjeu considérable.
La deuxième chose qui m’a surprise est la méconnaissance des patients des moyens mis à leur disposition pour réussir leur sevrage tabagique. Les tabacologues doivent faire face à beaucoup d’idées reçues notamment sur les substituts nicotiniques. Beaucoup de patients pensent encore que le sevrage tabagique n’est qu’une question de motivation, or il existe une réelle dépendance. C’est en partant de ce constat que j’ai trouvé indispensable pour cette formation de recenser les idées reçues pour aider le pharmacien à répondre à ses patients.

Quel est le principal intérêt du sujet pour les pharmacies ?

Comme je le disais précédemment, le sevrage tabagique est un enjeu majeur de santé publique. Le gouvernement a intensifié ces dernières années la lutte anti-tabac avec des mesures qui concernent directement le pharmacien (augmentation du forfait de prise en charge des substituts nicotiniques, remboursement à 65% du champix et en mai 2018 la prise en charge à 65% comme un autre médicament de certains substituts nicotiniques). Les premiers résultats du baromètre santé 2017 montrent une augmentation du nombre de personnes souhaitant arrêter de fumer, ainsi qu’une augmentation du nombre de personnes ayant fait une tentative d’arrêt. De nombreux patients entrant dans nos pharmacies ont l’obligation (pour raisons médicales) ou le souhait de devenir non-fumeurs, à nous de les aider.

Quels conseils donneriez-vous aux pharmacies qui souhaitent s’inscrire dans cette prise en charge ?

Il est important de savoir accompagner les patients tout au long de leur parcours, qui ne représente pas un sprint mais un marathon. Nous devons être compétents dans toutes les étapes du sevrage tabagique. Il y a de nombreux conseils à apporter aux patients qui ont besoin de plus qu’une boîte de substitut nicotinique. Nous pouvons les soutenir dans leur motivation, leur choix de traitement et dans la gestion des effets indésirables grâce à la phytothérapie et à la micronutrition. Quelques astuces que nous verrons en formation permettent de rendre le sevrage confortable. Stoppons l’idée reçue qu’un sevrage est toujours difficile…

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